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Diagnostic préimplantatoire : sélection ou eugénisme ?

Dans son projet de révision de la loi sur la procréation médicalement assistée (LPMA), le Conseil fédéral envisageait d’introduire le diagnostic préimplantatoire (DPI) d’une manière limitée : il devait être réservé aux couples dont l’un des membres se sait porteur d’une maladie héréditaire grave. Ignorant les craintes formulées par le Gouvernement, le Parlement a malheureusement décidé d’ouvrir le DPI à tous les couples qui recourent à la PMA. Du coup, le champ d’application de la loi est passé de 50 ou 100 cas par an à 6’000 environ. Quant au nombre des embryons qui peuvent être développés hors du corps de la femme et conservés jusqu’à 10 ans pour des analyses du patrimoine génétique, il est passé de 400 ou 800 (8 par couple) à… 72’000 (12 par couple) !

Cette extension du champ d’application de la loi aggrave d’autant les problèmes éthiques intrinsèques au DPI et augmente drastiquement les risques d’abus. Songeons en effet que l’analyse du patrimoine génétique est susceptible de révéler d’innombrables informations au sujet de l’embryon (sexe, couleur des yeux et de la peau, etc.), y compris des éléments formellement sans pertinence pour la sélection, sans autre limite que les progrès de la science. Le Conseil fédéral reconnaît à cet égard que l’on ne pourra plus garantir que comme il le proposait, seuls les embryons porteurs de maladies héréditaires graves seront éliminés et que par là, nous franchirons une limite que le Gouvernement souhaitait explicitement voir préservée (FF 2013 5303). On ouvre donc une dangereuse boîte de Pandore.

Pouvons-nous laisser ainsi la bride sur le coup de scientifiques évidemment exposés à toutes les convoitises. Considérant les perspectives de profits juteux d’un tel marché (on parle de vies, pourtant !), comment avoir confiance dans la fumeuse autorégulation à laquelle la loi autorise de déléguer le contrôle de cette machine infernale (art. 12 al. 4 LPMA) ?

Dans ces conditions, on ne peut que s’inquiéter quand la loi parle de sélection des embryons. Avec l’extension du champ d’application de la loi (des cas de risques liés à la transmission de maladies génétiques graves à une analyse généralisée du patrimoine génétique), on va en effet donner à quelques scientifiques, sans contrôle sérieux, un véritable droit de vie et de mort : celui de décider quels embryons sont dignes de vivre, lesquels bénéficieront du « sursis » de la congélation et lesquels seront immédiatement condamnés à mort. La médecine reproductive, qui devrait être celle de la vie, ne va-t-elle pas devenir une médecine de mort ? Et cette sélection, où conduira-t-elle ? Les parents pourront-ils bientôt choisir le sexe, la couleur des cheveux ou encore celle de la peau de leur enfant ? Il fut un temps, au siècle passé, où certains en rêvaient ; ce qu’ils ont fait portait un nom : l’eugénisme. Est-ce vraiment là que nous voulons aller… ou revenir ?

Le DPI généralisé va en outre accentuer encore la pression parfois très forte qui pèse déjà sur les parents d’avoir des enfants « performants », presque parfaits. Dans un tel contexte, les enfants affectés d’un handicap auront-ils encore le droit de vivre ou seront-ils impitoyablement éliminés avec juste cette différence par rapport à la Sparte antique qu’au lieu de les jeter du Taygète, on les mettra à mort avec des blouses blanches dans des laboratoires aseptisés ?

Plutôt que de nous risquer sur la voie dangereuse de l’eugénisme, réaffirmons le droit à la vie que garantit la constitution fédérale et disons NON, le 5 juin, à cette révision de la loi sur la procréation médicalement assistée.

Jean-Luc Addor
Conseiller national
(conférence de presse du comité interpartis du 15.04.2016 – www.lpma-non.ch)

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