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Chienne de vie

L’autodétermination de l’homme-Dieu moderne se veut illimitée. Or, la seule chose qui semble illimitée, chez l’homme, c’est sa frustration de ne pouvoir créer quelque chose à partir de rien. Il se venge donc en cherchant à renvoyer « solidairement » les créatures du bon Dieu dans le néant.

L’article 18 a de la nouvelle loi sur la santé, qui a pour but d’œuvrer pour « la promotion, le maintien et le rétablissement de la santé humaine » (article 1), veut introduire, dans les « institutions sanitaires avec mandat public », la « liberté individuelle » d’être euthanasié par une personne extérieure à l’institution. On nous fait savoir d’un air innocent que cela ne représente pas un droit, mais une « liberté ». L’explication de la différence entre les deux reste des plus nébuleuses. S’il entendait ça, Hippocrate se retournerait dans sa tombe. Quant au C démocrate-chrétien, nul doute qu’il va sauter sur l’occasion pour se suicider à bon prix. Cerise sur le gâteau, l’article 18 ouvre aussi les salles privées à la publicité prônant la mort facile sur papier glacé.

Lorsqu’on habitue les gens à avoir si peu de considération pour leur propre vie, quel respect peuvent-ils encore avoir pour la vie des autres ? Qu’en est-il du frêle vieillard à qui l’on chuchote constamment « avec amour » qu’il est temps de partir parce qu’il coûte cher et qu’il épuise son héritage ? Et de l’épouse obéissante qui décide docilement de suivre son époux dominant dans la mort ? Où cela s’arrêtera-t-il ? Aux Pays-Bas, 25 % des décès sont désormais des suicides. Et en Belgique, l’euthanasie a été étendue aux enfants.

Sur l’emballage du produit « Euthasol », qui contient le principe actif (sic !) de pentorbital sodique pour la solution finale de notre « vie de chien », il est écrit « for dogs only » (réservé uniquement aux chiens). Un kit suisse d’euthanasie très pratique et simple d’emploi a également été créé pour renforcer le libre accès au commerce de la mort. En toute dignité (dignitas), bien sûr. Pas étonnant que cette « activité commerciale privée », qui envoie des millions ad patres et d’autres millions dans les caisses d’Exit sous forme de dons, ne veuille plus se limiter à la sphère privée, mais cherche à être légitimée par la loi et conquérir les maisons de retraite et de soins.

Conséquence de ce business, la médecine palliative, qui consiste à accompagner les mourants en toute dignité, risque de passer à la trappe parce qu’elle coûte trop cher. Voilà comment notre civilisation se déshumanise et se détruit elle-même. Si ce n’est pas par l’avortement ou l’overdose subventionnée par l’État, que ce soit au moins par l’euthanasie, afin que nous n’ayons pas à boucler le cycle de notre vie selon les lois immuables et non écrites invoquées par Sophocle et Goethe.

Pas de doute : les roses de la « pensée progressiste » poussent de préférence sur les tombes.

Oskar Freysinger

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