Devoir payer encore plus ? NON à la loi sur le gaspillage de l’électricité
Retrouvez ici les arguments developpés lors de la conférence de presse sur la votation en titre
Des exigences irréalistes et dangereuses
Par Grégory LOGEAN, Président de commune, Député et Chef de groupe,
Depuis quelques années, la question climatique est instrumentalisée pour tenter de justifier de nouvelles interdictions ainsi qu’une hausse injustifiée et antisociale des taxes. En juin 2021, la loi sur le CO2 a été rejetée par 51.6% des votants. A cette occasion, la population suisse a rappelé qu’elle ne souhaitait pas une hausse des taxes en lien avec la question climatique.
Malheureusement et de manière insidieuse, la loi sur le climat soumise au vote le 18 juin prochain ouvre clairement la porte à une hausse de celles-ci ainsi qu’à des interdictions futures.
En effet, il est totalement irréaliste d’atteindre les exigences chiffrées telles que définies aux articles 3 et 4 de la loi proposée, notamment une réduction moyenne des émissions de CO2 d’au moins 64% dès 2031, de 75% jusqu’en 2040 et de 89% d’ici 2050. Alors même que nous manquons déjà d’électricité hivernale, cette loi conduira à l’interdiction, de fait et dans les délais précités, du mazout, du gaz, du diesel et de l’essence, qui représentent pourtant 60 % de notre consommation d’énergie.
Conformément aux mécanismes prévus aux articles 11 et 12 du texte de loi, la mise en œuvre concrète des exigences fixées conduira inévitablement à plus d’interdictions, plus de réglementations, à de nouveaux impôts et des taxes. Or, nous avons déjà assez de réglementations bureaucratiques. Les conséquences seront lourdes pour les régions périphériques.
La loi sur le climat génèrera des charges importantes pour la population et les entreprises suisses sans effet notable sur le climat, puisque la Suisse n’est responsable que d’un millième des émissions mondiales de CO2. Pour rappel, en matière d’émission de CO2, trois pays totalisent à eux seuls près de la moitié des émissions mondiales : la Chine, les Etats-Unis et l’Inde. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien entreprendre, bien au contraire. A ce sujet, il sied de rappeler que, depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre générées sur le territoire suisse ont reculé de près de 20 %.
Entre 2010 et 2020, des subventions à hauteur de 2,3 milliards de francs ont été versées via le Programme Bâtiments de la Confédération et des cantons pour une réduction annuelle de 2.5 TWh des besoins en énergie. En 2022, la somme mise à disposition pour le Programme Bâtiments avoisinait les 540 millions de francs (sans tenir compte des subventions communales).
Voici quelques solutions préconisées par l’UDC : favoriser une économie de proximité avec des circuits courts qui réduisent les intermédiaires ; permettre à nos exploitants agricoles de vivre de leur labeur ; soutenir la consommation de produits locaux ; alléger les tracasseries administratives en matière de législations sur les constructions et la LAT afin de faciliter l’assainissement des bâtiments, etc.
Agir concrètement, à notre niveau, en soutenant notre production indigène et l’économie de proximité, poursuivre l’effort de la transition énergétique avec des mesures incitatives et non des contraintes idéologiques : voilà notre vision.
Vous l’aurez compris, l’UDC refuse de se prêter au jeu d’une loi bonne conscience dont les effets réels sur le climat seront insignifiants à l’échelle mondiale, alors que l’impact des mesures à venir sera très douloureux pour notre population et tout particulièrement les régions de montagne. Dès lors, nous recommandons le NON à la loi sur le climat.
Est-il possible de satisfaire les exigences de la loi ?
Par Blaise Melly, Député au Grand conseil
La loi sur le climat fixe comme exigence la neutralité carbone en 2050. Cette exigence peutelle être tteinte ? Le Conseil fédéral le prétend et donne comme référence l’étude « Perspectives énergétiques 2050+ » (3ème note de fond de page de la brochure reçue en même temps que les bulletins de vote). Cette étude est disponible sur le site de la Confédération : https://www.bfe.admin.ch/bfe/fr/home/politique/perspectives-energetiques2050-plus.html/. En tant que cientifique, j’apprécie ce genre d’études qui essaient au moins de quantifier les efforts nécessaires, même si cela repose toujours sur des hypothèses discutables. En outre, personne ne pourra dire que l’UDC invente des chiffres et des scénarios cauchemardesques.
Le scénario proposé est le suivant :
- Électrification de la mobilité et du chauffage. Toutes les voitures de tourisme seront électriques dès 2040. Le chauffage se fera principalement avec des pompes à chaleur. Pour rappel, environ 60 % de l’énergie consommée en Suisse provient des énergies fossiles. Il est proposé de remplacer cette énergie avant tout par de l’électricité.
- Fermeture des centrales nucléaires qui produisent environ 30 % de l’électricité.
- Bétonisation de la Suisse : Multiplication des éoliennes par 43, multiplication des panneaux solaires par 15, la plupart des ménages devront posséder des batteries à la maison pour avoir de l’électricité la nuit ou les semaines d’hiver avec peu de vent.
- Importation d’électricité : Malgré ces efforts nous devrons importer massivement de l’électricité de nos voisins, jusqu’à 15 TWh en hiver 2035 ! (Soit un quart de la consommation annuelle actuelle) Nos voisins auront-ils cette électricité ? Les auteurs de l’étude prétendent que ce sera le cas parce que les pays voisins vont se couvrir d’éoliennes. Naturellement, la loi de l’offre et de la demande faisant son travail, le prix de l’électricité va être multiplié par 5 en hiver (à noter que cette étude réalisée il y a deux ans a grandement sous-estimé le prix de l’électricité que nous avons eu cet hiver).
- Importation d’agents énergétiques provenant de la région MENA. Comme l’électricité ne suffira pas pour tous les usages, en 2050 nous devrons importer pour 3.6 milliards de francs par année du PtL (Power-to-liquide : agents énergétiques liquides basés sur l’électricité), pour 2.4 milliards de la biomasse et pour 1 milliard de l’hydrogène. Origine de ces importations : la régions MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le coût de ces importations correspond à peu près à ce que nous économiserons en pétrole et en gaz.
- Coûts bruts de 123 milliards de francs (et coûts nets de 73 milliards après déductions des économies faites). Bien qu’il s’agisse d’un scénario favorable qui sous-estime d’ores et déjà le prix de l’électricité, les auteurs reconnaissent que l’application de la loi climat coûtera plus d’une centaine de milliards de francs.
Au contraire des affirmations des partisans de la loi, celle-ci augmentera la dépendance envers nos voisins pour l’électricité, maintiendra notre dépendance envers le Moyen-Orient, conduira à une explosion du prix de l’électricité, et aura des coûts massifs pour l’économie. Tous ces chiffres ne sont pas inventés par l’UDC, ils ne correspondent pas à un scénario extrême, c’est le scénario idéal tel que prévu par la Confédération. À la lecture de cette étude, il est évident que nous ne pouvons pas nous priver à la fois du nucléaire et des énergies fossiles. Il est envisageable de renoncer à l’un ou à l’autre mais pas aux deux. Comme la loi sur l’énergie impose la sortie du nucléaire, nous ne pouvons raisonnablement que refuser cette loi.
Nos agriculteurs, le secteur alimentaire Suisse et les consommateurs seront lourdement pénalisés avec cette loi sur le gaspillage de l’électricité.
Par Cynthia Trombert, Députée au Grand Conseil
Cette loi prévoit l’interdiction des tracteurs roulant au diesel, le carburant pour les groupes électrogènes sur les alpages et une réduction de deux tiers de la consommation de viande en raison des émissions de méthane des bovins.
Il est important de souligner que 70% de la surface agricole utile en Suisse est constituée de prairies où seule l’herbe pousse. Cette herbe qui, ne l’oublions pas, est aussi un piège carbone qui est diminué grâce aux bovins. Les bovins jouent un rôle essentiel dans la transformation de cette herbe en lait et en viande, contribuant ainsi à nourrir une partie de la population.
Cependant, si cette loi est adoptée, nos pâturages ne seront plus parcourus par des bovins et les régions touristiques ainsi que les alpages ne seront plus entretenus. Les élevages bovins ne seront pas les seuls à être touchés par cette loi, mais l’ensemble de nos éleveurs en réduisant drastiquement leurs élevages.
Chez nos voisins Français, c’est 12% de moins de bovins qui est prévu pour 2035, en sachant que la consommation de viande ne baisse pas. Il n’y a certes moins de personne qui consomment de la viande rouge, mais ils favorisent actuellement la viande blanche ce qui pose déjà problème actuellement avec une importation de 20% l’an dernier.
Les conséquences de cette loi seront multiples. Tout d’abord, l’alimentation deviendra plus chère, car l’offre de viande sera réduite et réservée aux plus riches. Les consommateurs seront contraints de supporter les coûts supplémentaires. De plus, la production indigène et le secteur alimentaire seront affaiblis, ce qui rendra notre pays encore plus dépendant des importations de denrées alimentaires étrangères. Il est important de noter que nous importons déjà la moitié de notre nourriture, et cette dépendance accrue mettra en péril notre sécurité alimentaire.
Il est crucial de prendre en compte ces aspects lors de la décision concernant cette loi. Nous ne devons pas sacrifier la sécurité alimentaire de notre pays au nom d’objectifs irréalistes. Il est essentiel de trouver des solutions équilibrées qui préservent à la fois notre environnement et notre capacité à nourrir notre population.
J’appelle les citoyens à prendre en considération ces problématiques et à voter en faveur d’une approche responsable qui garantisse la sécurité alimentaire de notre pays. Nous devons trouver des alternatives viables et durables, sans compromettre l’avenir de notre secteur agricole et de notre économie alimentaire.
Je vous invite à soutenir nos éleveurs, la classe moyenne qui a aussi le droit de choisir ce qu’elle veut mettre dans son assiette sans se ruiner ou se priver, à soutenir un bon sens tout simplement et de voter non à cette loi sur le climat le 18 juin 2023.