Le Ministère public, l’oublié de la République ?
Les élections judiciaires d’hier appellent un petit bilan.
Qu’on permette d’abord à l’UDC du Valais romand de féliciter M. Patrick Burkhalter pour sa réélection comme Premier Procureur du Bas-Valais. Nous félicitons également M. Christophe Joris, réélu au Tribunal cantonal, Président de la Cour de droit public. Tous deux accomplissent un travail reconnu et font honneur à notre canton comme à notre parti.
Toujours dans un registre positif, l’élection d’un candidat Vert au demeurant compétent au Tribunal cantonal rapproche la représentation des diverses forces politiques au sein de notre Haute Cour cantonale des rapports de force issus des urnes. A défaut de dépolitiser notre Justice, ce rééquilibrage permet d’espérer une forme d’apaisement lors des prochaines élections.
Ce résultat est toutefois intervenu au prix d’un désaveu cinglant : celui que le Grand Conseil a infligé au Conseil de la Magistrature pour sa première « sortie ». Si ce Conseil poursuit sur cette voie, nous devrons nous poser rapidement la question de sa véritable utilité et la Constituante, peut-être, avec nous.
Venons-en au Procureur général.
Contesté tant au sein de l’institution dont il est censé être le patron que parmi les justiciables et jusqu’au Grand Conseil, il espérait sortir « par le haut » de cette situation qui devenait intenable pour lui. Faisant heureusement fi de l’incroyable préavis du Conseil de la Magistrature, le Parlement a refusé cette manœuvre. De façon choquante, ce magistrat qui ne se sentait plus à sa place dans sa fonction actuelle (puisqu’il voulait la quitter) s’était toutefois ménagé une solution de secours : en jouant sur les deux tableaux, il espérait pouvoir se rabattre sur sa fonction actuelle comme « lot de consolation ». Il lui a fallu deux tours de scrutin (alors qu’il était seul candidat) et un score frisant un désaveu cinglant pour y parvenir de justesse.
La majorité qui n’a pas voulu ou osé lui demander de partir s’est-elle rendu compte à quel point cette réélection fragilise l’institution que le Procureur général a pour tâche d’incarner et à quel point le travail exposé et souvent ingrat de tous nos procureurs qui dirigent le plus souvent très bien les enquêtes pénales se trouve dévalorisé ? A-t-elle réalisé qu’en laissant à sa tête un magistrat toujours aussi contesté, mais encore plus fragilisé, elle fait de cette institution si importante qu’est le Ministère public un peu l’oublié de la République ? Ce magistrat fragilisé osera-t-il continuer à consacrer son temps à rendre des ordonnances Covid et à instruire de petites affaires au lieu de se concentrer sur des affaires dignes d’un patron ? Saura-t-il mettre à l’Office central l’ordre qu’il n’y a pas mis jusqu’ici ?
Voilà quelques questions. Maintenant que le Grand Conseil a parlé, c’est aux justiciables de notre canton qu’il incombera d’y répondre.