Mais qui a peur de notre service de renseignement ?
La campagne touche à son terme. A l’évidence, personne ne remet en cause l’efficacité des mesures proposées dans la nouvelle loi sur le renseignement (LRens), pas plus que leur adéquation à l’évolution de la technique et des menaces qui pèsent sur notre pays. Nul ne peut non plus ignorer que depuis l’adoption de cette loi, il y a un an, les attentats islamistes se sont multipliés, tout près de chez nous, tout comme le nombre des « voyageurs » du djihad et les preuves de l’utilisation de notre territoire pour planifier des attentats ou en assurer les bases arrières. Quant à la cyberattaque contre Ruag, elle en a fait réfléchir plus d’un.
Mais en dépit de ces signes concrets et inquiétants pour notre sécurité, d’aucuns, jusque dans nos rangs, croient devoir ériger les libertés individuelles en une forme d’absolu. Ils sont prêts à nous laisser désarmés face à des menaces pourtant de plus en plus visibles. Et avec tout ce que le pays compte de vieux fossiles d’extrême gauche et d’antimilitaristes, avec les islamistes aussi, ils essaient de nous faire croire que c’est nous, la masse des honnêtes citoyens, qui serons les cibles des surveillances de notre Service de renseignement (SRC).
Mais de grâce, restons sur terre ! Comme ancien juge d’instruction, je sais ce que représente une surveillance en termes d’effectifs engagés, de temps et de moyens financiers. Je sais aussi que le SRC dispose de moyens notoirement insuffisants et que rien n’indique qu’ils augmenteront de manière spectaculaire. Je ne vois pas, dès lors, où le SRC trouverait ne serait-ce que les effectifs nécessaires pour nous surveiller tous. Déjà que comme ses homologues étrangers, il dispose à peine des moyens nécessaires à parer au plus urgent…
Et ceux qui disent avoir peur du SRC, qui sont-ils ?
Parmi eux, j’ai entendu un écrivain gauchiste qui se plaint d’avoir été surveillé par le passé et qui, en parallèle, s’est vanté d’avoir incendié le chalet d’un ancien éditeur allemand. Au premier rang des opposants, on voit encore l’islamiste Nicolas Blancho et son Conseil central islamique de Suisse au financement douteux…
Sont-ce ces gens-là que nous voulons protéger ? Sont-ce en particulier ces propagandistes de l’islam dont Eric Zemmour relève encore dans la presse dominicale de quelle manière ils utilisent la couverture de la défense des droits individuels comme vecteur d’une islamisation qui n’a en réalité d’autre objectif de les détruire ?
La réalité, c’est que notre Service de renseignement sera le mieux contrôlé du monde avec plusieurs échelons de contrôle aussi bien politiques que judiciaires : Chef du Département de la défense, Délégation de sécurité du Conseil fédéral, Tribunal administratif fédéral, Délégation de la Commission de gestion, sans parler d’une autorité de surveillance indépendante et d’un organe de contrôle pour l’exploration des réseaux radio et câblés. Que faire de plus, en vérité, à moins d’accepter de rester sans défense face à la menace bien réelle du terrorisme et de l’espionnage économique ?
La Suisse est sans aucun doute le seul pays au monde où les citoyens peuvent se prononcer sur une question de sécurité aussi complexe, mais aussi vitale. C’est bien ainsi. Mais c’est aussi l’un des seuls pays où l’on croit pouvoir se passer d’un service de renseignement performant. Pourtant, l’ère des bisounours, c’est terminé. Les menaces sont là, certaines vitales.
Alors, dans quel camp sommes-nous ? Du côté de Blancho et des islamistes ou avec ceux qui, sous un contrôle sans égal ailleurs dans le monde, travaillent tous les jours pour notre sécurité ?
Mon choix est fait. Je ne serai pas l’idiot utile de Nicolas Blancho. Alors si vous n’avez pas encore voté, allez dire OUI, d’ici au 25 septembre, à la nouvelle loi sur le renseignement !
Jean-Luc Addor
Conseiller national
Ancien juge d’instruction