Montrer son visage dans l’espace public : une question de civilisation
L’initiative « Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage » répond-elle à un problème réel ou relève-t-elle d’un simple fantasme ? A moins d’être aveugles, nous savons tous que des femmes qui sortent dans l’espace public le visage entièrement couvert, généralement par un niqab, on en voit, même dans une petite ville comme Sion. Pas tous les jours, heureusement, mais on en voit. Et plutôt de plus en plus souvent que l’inverse. Sans aller bien loin, en France par exemple, on voit très bien ce qui arrivera un jour chez nous si nous ne faisons rien pour empêcher que ce phénomène se développe. Notre devoir, pour nos enfants, c’est donc de prévenir avant qu’il ne soit trop tard, avant d’en être réduits à devoir guérir. L’initiative a ainsi un but prophylactique évident.
Le Conseil fédéral l’a reconnu, lui qui a d’emblée admis, dans son message, qu’ « il y a des situations dans lesquelles le port de vêtements qui dissimulent le visage peut poser problème ». D’où sa proposition d’un contre-projet indirect, que la majorité du Parlement, après y avoir apporté des modifications, a reprise. Mais nous ne sommes pas dupes. Si ce contre-projet a été conçu, c’est aussi et surtout comme une opération d’enfumage qui vise à torpiller cette initiative qui réussit à convaincre jusque dans les rangs de la gauche. Car même à gauche, les plus lucides ont compris que ce combat que nous menons contre la discrimination, contre ce symbole intolérable de soumission de la femme, contre cette forme de maltraitance, d’aliénation même, contre l’intolérance et contre l’obscurantisme, il ne peut qu’être le leur également, à peine de se mettre en contradiction avec leurs principes de toujours.
Le problème est bien réel donc, et ses enjeux, qui sont des enjeux de société importants, nous touchent par-delà les clivages politiques.
Un enjeu, je l’ai déjà abordé, c’est la dignité de la femme. Un peu plus d’un an après la grève des femmes, celles et ceux qui, dans ce pays, prétendent s’engager pour la dignité ou l’égalité de la femme se retrouvent face à un défi majeur : celui de rester tout simplement cohérents avec les principes qui, en juin 2019, ont été réaffirmés haut et fort.
Un défi qui nous est lancé, c’est de ne pas laisser nos principes constitutionnels, ceux d’une société libérale instrumentalisés par des gens qui, en réalité, ont pour but de les remplacer par un autre ordre juridique, un ordre d’un autre âge étranger à nos traditions et dont nous ne voulons pas.
Un autre défi qui nous est lancé, c’est de défendre une civilisation dans laquelle le visage a toujours été un facteur d’identification et d’expression, de respect de l’autre aussi. Dans ce sens, on n’oublie pas que, dans un document intitulé « Etat de droit et fondamentalisme », publié pour servir de base de discussion sur le vivre-ensemble en Suisse, le PDC avait exprimé cet avis limpide qu’affirme justement l’initiative : « le visage doit être visible dans l’espace public, tant pour des raisons sociétales que pour des raisons de politique de sécurité et d’intégration ».
Engagés dans ce qu’il faut bien appeler une guerre des civilisations, nous sommes, il n’est pas exagéré de le dire, en état de légitime défense contre l’islamisation de l’Europe et de notre pays en particulier ; nous le sommes contre le développement de ce qui n’est pas juste un effet vestimentaire, ni même principalement un signe religieux, mais bien un signe politique, celui de la progression de l’islam, religion politique, en terre infidèle. Plutôt que d’opter pour une loi alibi sur l’intégration en soutenant le contre-projet, osons combattre résolument le port de ce signe ostentatoire de communautarisme et de refus d’intégration. Et n’oublions pas ce que disait en 2016 une personnalité importante du Parti socialiste, aujourd’hui conseiller national et président de l’Union syndicale suisse : « Quand la société dit ce qu’elle ne tolère pas, elle renforce les femmes qui se battent dans le cercle intime pour leur liberté ».
Défenseurs de la liberté et de la dignité de la femme de tous les partis, défenseurs d’une société libérale, unissons-nous donc ! Stoppons l’extrémisme et osons dire oui le 7 mars à cette initiative, oui à l’interdiction de se dissimuler le visage !
Jean-Luc Addor
Conseiller national
Membre du comité d’initiative « Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage »
https://interdiction-dissimuler-visage.ch/