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NON à une sélection sans limites

Voici bientôt un an, une majorité de Suisses (62%) et de Valaisans également (57%) a accepté le principe du diagnostic préimplantatoire (DPI). Le débat ne porte plus, dès lors, que sur la mise en œuvre de la disposition constitutionnelle. Mais il touche à l’essentiel : la vie, dont nous sommes encore nombreux, dans ce canton, à considérer qu’elle doit être protégée de sa conception à la mort naturelle. Les embryons dont on parle et qu’il s’agit d’analyser, puis de sélectionner, ce ne sont pas simplement des choses que des scientifiques observent au microscope et qu’ils pourraient manipuler à leur guise, voire au gré des envies des parents ; non, ce sont déjà des vies. Si le DPI, qui en soi soulève d’importantes questions éthiques, doit être pratiqué comme une majorité de Suisses l’ont voulu, il doit donc y avoir des limites, et des limites claires.

A cet égard, M. Berset, au nom du Conseil fédéral, a mis en garde le Parlement au sujet des risques qu’il prendrait en acceptant de franchir des limites que les élus de l’époque ont finalement ignorées. Et voici qu’aujourd’hui, ce même M. Berset essaie de nous faire croire que ce que le Gouvernement voulait explicitement éviter (un DPI généralisé et l’élimination de dizaine de milliers d’embryons jugés indignes de vivre) serait strictement réglementé.

Qu’en est-il en réalité ?

Rappelons que nous parlons, potentiellement au moins, d’environ 72’000 embryons (des vies !) au lieu des 400 ou 800 que le Conseil fédéral avait en vue au départ.

Constatons que contrairement à ce qu’on est en droit d’attendre du moment qu’il s’agit de vies, la loi ne définit pas plus clairement que l’article constitutionnel ce qu’il faut entendre par « maladie grave ». Nous n’aurons donc aucun contrôle sur le type d’embryons qui seront sélectionnés ni, surtout, sur ceux qui seront détruits. Nous ne saurons pas non plus comment, précisément, la plus grande partie de ces vies seront éliminées, immédiatement ou après cette espèce de « sursis » d’une congélation qui pourra durer jusqu’à 10 ans. Et nous ne comprenons pas clairement non plus la justification d’un délai de conservation aussi long.

Certes, la sélection des embryons en fonction de leur sexe ou d’autres caractéristiques (couleur de la peau ou des cheveux, etc.) est explicitement interdite. Mais une fois ouverte la boîte de Pandore, qui nous garantit que d’aucuns ne tentent ultérieurement d’introduire ce qu’aujourd’hui, ils promettent de ne jamais faire ? Et comment ne pas voir les risques de dérives quand on voit qu’il a fallu penser jusqu’à interdire le transfert d’un embryon humain à… un animal ?

Pouvons-nous laisser ainsi la bride sur le cou de scientifiques évidemment exposés à toutes les convoitises avec pour seules limites les progrès de la science ? Considérant les perspectives de profits juteux d’un tel marché (on parle de vies, pourtant !), comment avoir confiance dans la fumeuse autorégulation à laquelle la loi autorise de déléguer le contrôle de cette machine infernale (art. 12 al. 4 LPMA) ?

Le DPI généralisé va en outre accentuer encore la pression parfois très forte qui pèse déjà sur les parents d’avoir des enfants « performants », presque parfaits. Dans un tel contexte, les enfants affectés d’un handicap auront-ils encore le droit de vivre ou seront-ils impitoyablement éliminés avec juste cette différence par rapport à la Sparte antique qu’au lieu de les jeter du Taygète, on les mettra à mort avec des blouses blanches dans des laboratoires aseptisés ? Et devons-nous craindre qu’un jour, les assureurs imposent le DPI et donc cette forme d’eugénisme pour éviter d’avoir à payer ensuite plus cher pour des personnes malades ou handicapées ?

On le voit, la loi proposée au peuple laisse ouvertes trop de questions trop graves sans fixer de limites suffisantes. Plutôt que de nous engager sur cette voie dangereuse, disons donc NON, le 5 juin, à cette loi sur la procréation médicalement assistée.

Jean-Luc Addor
Conseiller national
(conférence de presse du 24.05.2016)

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