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Société civile, où es-tu ?

Depuis le début de ce processus, c’est à coup de formules incantatoires qu’un petit cercle d’intellectuels (pour ne pas dire d’intellos) et de politiciens, dont un quarteron de politiciens à la retraite, a réussi à provoquer une votation sur une révision totale de notre constitution et plus particulièrement sur une constituante. Dans le grand élan sentimental qu’ils croient avoir créé en appelant le Petit Prince à la rescousse, un terme revient avec insistance : la société civile.
 
 

Mais qu’est-ce que c’est, la société civile ? Un nouvel avatar de l’opposition entre pays légal et pays réel ? Ou peut-être est-ce ce petit cénacle d’intellectuels (une élite…) qui, paradoxalement, se pique de cultiver la méfiance du peuple à l’égard de ses élites ?
 
En fait, on n’en sait rien. On sait juste que la formule sonne bien. On sait aussi que la société civile, ceux qui en cultivent le mythe la conçoivent par opposition aux élus, présentés (encore dans la brochure officielle envoyée aux citoyens) comme une « minorité » qui empêcherait « une discussion ouverte, sans tabou, où toutes les positions peuvent s’exprimer ». Rien que ça ! Le fantasme des initiants, qu’une majorité du Parlement et que le Gouvernement ont suivi comme des aiguiseurs, c’est donc ni plus ni moins que de mettre hors-jeu les représentants du peuple alors que cela ne fait même pas un an que ceux-ci ont été élus au suffrage universel. Le plus piquant, sous cet angle, c’est que le Conseil d’Etat, pourtant composé d’élus, reprenne à son compte une terminologie qui tend à le discréditer lui-même…
 
La société civile, c’est le fantasme, par le miracle d’une constituante, d’une constitution qui serait rédigée « par le peuple, pour le peuple »… Mais qui croit que les plus de 220'000 électeurs valaisans vont se mettre, tous, à rédiger une nouvelle constitution ? Les initiants ne confondent-ils pas révision totale de la constitution et café-philo… ou thérapie de groupe ?
 
La société civile, c’est encore le fantasme d’un impossible retour à une forme de pureté originelle, à un âge d’or d’avant les partis politiques, soupçonnés d’empêcher une représentation équitable des diverses composantes de notre canton. C’est le fantasme de la feuille blanche (ils en parlent même dans la brochure), l’illusion que l’on pourrait et que l’on devrait s’affranchir de tout l’héritage du passé, de tout ce qui a été mis en place par l’expérience et qui a survécu à l’épreuve du temps.
 
Qu’est-ce qu’on nous propose pour faire cette révolution ? En réalité, cette constituante, ce sera juste un Grand Conseil bis : même effectif, même mode d’élection, même quorum. On nous fait croire qu’on n’a pas besoin des partis. Mais n’oublie-t-on pas l’un des rôles primordiaux des partis : le recrutement, la formation et l’encadrement des candidats ? Sans ces partis que l’on discrédite, qui fera ce travail ? Qui parviendra à réunir suffisamment de suffrages sur une liste pour franchir le cap difficile d’un quorum élevé qui restera à 8% ?
 
La réponse à ces questions, on la trouve déjà dans la composition du comité d’initiative : on y trouve en effet une écrasante majorité de politiciens et de politiciens à la retraite ou encore de personnalités qui doivent leur carrière à la politique. Pour le cas où ce ne serait pas assez clair, on trouve une autre réponse dans une conférence de presse qui, il y a quelques jours, réunissait un peu tout et le contraire de tout : du PLR à l’extrême-gauche, on y célébrait l’union assez touchante de partis que tout oppose et qui n’ont rien en commun ; rien, si ce n’est, justement, d’être des partis politiques et de s’accorder sur… rien, sauf sur l’idée d’une constituante. La constituante comme plus petit dénominateur commun de ceux qui n’ont rien en commun, en somme. Et c’est cet assemblage hétéroclite et improbable (les forces du progrès, comme ils se nomment eux-mêmes dans un langage flamboyant qu’on croyait révolu depuis la chute du communisme…) dont on essaie de nous faire croire que sortira une liste unique !
 
Et la société civile, où est-elle, là-dedans ? N’est-elle pas qu’un leurre ? Car finalement, ces partis qu’on fait sortir par la porte, les voici qui rentrent par la fenêtre.
 
La constituante, c’est donc juste une opération d’enfumage. Ce sont les fumigènes qu’on tire pour masquer d’autres intentions plus… fumeuses. Que découvrirons-nous une fois cette fumée dissipée ? Un programme politique dont nous ne voulons pas ?
 
Quant à nous, nous parlons clair. Nous ne disons pas que rien ne doit changer. Nous posons juste une question simple, basique même : qu’est-ce qui, concrètement, au-delà de considérations d’esthétique législative qui n’intéressent qu’une poignée de juristes, doit changer ? Tout, sûrement pas. Alors pour adapter notre constitution à notre temps et à l’évolution de notre canton, nous n’avons besoin ni d’une révision totale ni (et encore moins) d’une constitution. Ce sera donc deux fois NON.
 
Jean-Luc Addor
Conseiller national

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